Comme si la violence exercée à l’encontre des enseignants au sein de l’école ne suffisait plus et risquait d’apparaître comme un comportement des plus ordinaires, et comme si les braquages commis contre les professeurs et les élèves, dans les environs des écoles et des collèges voire parfois au seuil de ces mêmes institutions au vu et au su de tout le monde entraient dans l’ordre normal des choses, voici qu’éclate ou, pour être plus précis, est dévoilé, ces derniers jours, à l’intention de l’opinion publique, un scandale qualifié par plusieurs médias de scandale d’Etat: il s’agit de l’affaire des professeurs qui exercent depuis des années, sans avoir des diplômes qui les habilitent à accomplir la mission d’éduquer les élèves.
Autrement dit, l’on a découvert que dans nos institutions éducatives (pour le moment dans la région de Sidi Bouzid, en attendant ce que les enquêtes vont révéler dans les prochaines semaines à propos de ce qui se passe dans le reste des gouvernorats du pays), nos enfants, le capital le plus précieux que notre pays est en droit de se prévaloir, sont livrés à des enseignants qui n’ont aucune formation ni compétence conséquentes pour les encadrer et les former dans la mesure où ils ont été désignés dans le cadre d’une opération de corruption aux dépens d’autres professeurs qualifiés et disposant de l’expérience et du professionnalisme exigés.
Certes, les milieux officiels, c’est-à-dire le ministère de l’Education, ont dénoncé énergiquement le scandale et ont appelé à ce que les responsables soient sévèrement sanctionnés et l’appareil judiciaire s’est saisi de l’affaire pour nous dire qui sont les véritables auteurs du scandale et pour nous éclairer sur le sort qui leur sera réservé par la justice.
Il reste, cependant, à relever que les déclarations du secrétaire général de la Fédération générale de l’enseignement secondaire ainsi que celles d’un ancien ministre de l’Education, affirmant qu’ils sont au fait de ce qui se trame au sein du ministère à propos des fausses désignations d’enseignants, notamment parmi les professeurs intérimaires et aussi à propos des centaines d’enseignants qui perçoivent leurs salaires sans exercer, ne peuvent que faire froid dans le dos et pousser à une réflexion urgente sur les dangers qui menacent sérieusement l’existence même de notre système éducatif.